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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/178

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LES OISEAUX DE PROIE

« Supposons que mes soupçons au sujet de Goodge soient fondés, les lettres extraites de la correspondance de Mme Rebecca ont pu révéler beaucoup de choses, et même mettre Horatio sur la trace de Meynell ; mais comment a-t-il pu avoir une première idée de l’affaire ?

« Ce n’est certainement pas par moi, ni par George : son attention ne peut-elle pas avoir été attirée par cet avis qui a paru dans le Times au sujet des héritiers légaux de Haygarth ?

« Ce sont des questions dont je ferais bien de laisser la solution à l’esprit perspicace de Sheldon. Pour moi, ce que j’ai de mieux à faire, c’est de me laisser aller à l’irrésistible courant de ce qu’on appelle la vie.

« J’ai eu le malheur de faire mon entrée dans notre salle à manger commune cinq minutes après mon patron : il a eu plus que le temps nécessaire pour examiner la suscription et le timbre de ma lettre : il sifflait lorsque je suis entré. Les gens qui ont l’indiscrétion de regarder ce qui ne les regarde pas sifflent toujours.

« Je ne me souciais pas de lire cette lettre de ma Charlotte en voyant braqués sur moi les yeux du faucon ; c’est pourquoi je me contentai de jeter un coup d’œil à l’écriture chérie, comme si je lisais avec indifférence la première lettre venue ; après quoi je mis le papier dans ma poche, en affectant le plus grand air d’insouciance que je pus trouver. Combien il me tardait de voir la fin de cet ennuyeux repas que le Capitaine semblait prendre plaisir à prolonger, comme il convient du reste à un véritable épicurien.

« Horatio ne s’est pas montré peu curieux au sujet des motifs de ma récente absence de notre domicile commun. J’ai eu de nouveau recours à la fable de Dorking : ma vieille tante allait en déclinant et réclamait