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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/191

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LES OISEAUX DE PROIE

— Pourquoi donc !… Est-ce qu’il n’est pas écrivain ?

— Il a été reporter pour un journal ; mais personne n’est moins capable que lui d’écrire sur l’archéologie. Vous vous trompez bien certainement.

— C’est possible, ma chère. Je n’ai pas fait grande attention à ce qu’il m’a dit de ses affaires. Il me semblait si étrange de le voir là, juste aussi à son aise que s’il eût été de la famille. Oh ! Diana, vous ne pourriez imaginer à quel point ma tante et mon oncle ont été bienveillants pour lui. Ils l’aiment tant !… et ils savent que nous sommes engagés. »

Mlle Halliday dit ces derniers mots en baissant sensiblement la voix.

« Comment ! s’écria Diana ; voulez-vous dire que vous ayez promis d’épouser cet homme, que vous connaissez à peine et seulement sous des rapports défavorables ?

— Qu’est-ce que je connais qui lui soit défavorable ? Ah ! Diana, que vous êtes méchante et comme vous haïssez ce pauvre Valentin ! Je sais très-bien, du reste, que ce n’est pas ce qu’on appelle un bon mariage. Un bon mariage veut dire que l’on aura une paire de chevaux, souvent malades, une douzaine de domestiques qui seront les maîtres, comme les nôtres, une grande maison d’un gros entretien, que personne ne peut rendre propre. Non, Diana, c’est justement là le genre de vie que je déteste. Ce que j’aimerais, ce serait une chère petite maison, avec un tout petit, tout petit jardin, dans lequel Valentin et moi pourrions nous promener tous les matins, avant qu’il se mette au travail et où nous pourrions prendre le thé ensemble pendant les soirées d’été ; un jardin assez grand pour y cultiver une douzaine de rosiers, mais pas plus. Oh ! Diana, pensez-vous que je veuille me marier avec un homme riche ?