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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/194

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LES OISEAUX DE PROIE

moi ; que vous serez bonne, et que vous direz un mot en ma faveur à maman, tout à l’heure, après que je lui aurai tout dit.

— Quand comptez-vous lui en parler ?

— Tout de suite ou presque tout de suite. Je sais à peine comment m’y prendre. J’ai déjà eu beaucoup de peine à commencer avec vous.

— Ma pauvre Charlotte ! quelle ingrate il faut que je sois !

— Ma chère Diana, vous n’avez aucune raison d’être reconnaissante. Je vous aime de tout cœur, et je ne pourrais vivre dans cette maison sans vous. C’est moi qui vous dois de la reconnaissance quand je vois de quelle manière vous supportez l’humeur agaçante de maman et le sombre caractère de M. Sheldon par affection pour moi.

— Oui, Charlotte, par affection pour vous, répondit Mlle Paget avec un soupir, et je ferai plus que cela par affection pour vous. »

Elle avait passé son bras autour de la belle tête de sa rivale, et considérait sa douce figure avec une tendresse suprême ; elle n’éprouvait aucune colère contre la belle enchanteresse qui lui avait ravi son doux ami ; elle ressentait seulement quelque irritation contre la Providence, qui avait décrété que cet ami lui serait enlevé.

Aucun soupçon du secret de son amie ne se présenta à l’esprit de Charlotte. Dans le cours de leurs relations Diana avait très-peu parlé de Valentin, et le peu qu’elle en avait dit avait toujours été prononcé d’un ton moitié amer, moitié dédaigneux. Charlotte dans sa simple candeur acceptait cela comme une preuve de l’aversion de Mlle Paget pour le protégé de son père.