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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/204

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LES OISEAUX DE PROIE

imprudente. Si quelque mauvaise action avait été commise, lors de l’excursion à Ullerton, si quelque connivence existait entre le capitaine et Goodge, il serait assurément bon pour Valentin de continuer un genre de vie qui le mettait à même d’être assez bien informé des mouvements du souple Horatio. Dans tous les actes extérieurs de la vie l’opportunité doit être la règle qui gouverne, et l’opportunité s’opposait à une rupture immédiate avec le capitaine.

« Quoi que vous fassiez, ayez toujours l’œil sur le capitaine, lui avait dit George dans l’une de leurs nombreuses entrevues au sujet de la succession Haygarth. S’il y a quelque chose sous main entre lui et Philippe, il faudra que vous ayez l’intelligence très-étroite si vous ne parvenez pas à vous en apercevoir. Je regrette beaucoup que vous ayez rencontré Charlotte dans le Nord, car, bien certainement, Philippe doit avoir entendu parler de votre apparition dans le comté d’York. Cela doit l’étonner d’autant plus que sans doute Paget lui aura raconté l’histoire de Dorking. Il a prétendu vous avoir vu au moment où vous quittiez la ville pour vous rendre à Ullerton ; mais je suis porté à croire que ce n’est qu’une ruse de sa part.

— Je ne pense pas que M. Sheldon ait encore connaissance de mon séjour dans le comté d’York.

— Vraiment ! Mlle Charlotte ne tient pas à avoir son beau-père pour confident, à ce qu’il paraît. Entretenez-la dans cette disposition. Si vous savez vous servir de vos cartes, vous pouvez l’amener à se marier avec vous sans en rien dire à ce qui que ce soit.

— Je ne pense pas que cela soit possible. En fait, je suis certain que Charlotte ne se mariera pas sans le consentement de sa mère, répondit Valentin d’un air grave.