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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/227

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LES OISEAUX DE PROIE

tenant une belle jeune femme et une grande source d’anxiété pour moi. Je suis obligé de reconnaître que c’est une excellente fille…, aimable, obéissante, et ne laissant rien à désirer sous ces rapports ; mais c’est une jeune fille, et j’avoue franchement que je ne comprends rien aux jeunes filles. Je suis même très-disposé à en avoir peur.

— Pourquoi donc, monsieur ?

— Parce que voyez-vous, Nancy, elles reviennent à la maison, en sortant de pension, avec leurs folles têtes pleines d’idées romanesques, ne sachant que lire des romans et taper sur un piano, et, avant que vous sachiez où vous êtes avec elles, elles tombent amoureuses du premier venu qui leur fait un compliment. Tel est du moins ce que mon expérience m’a appris.

— À propos de Mlle Halliday, monsieur, demanda Nancy avec simplicité, est-ce qu’elle est tombée amoureuse de quelque jeune garçon ?

— C’est ce qu’elle a fait et avec un gaillard qui n’est pas encore en situation de soutenir une femme. Si cette jeune fille était ma propre enfant je m’opposerais très-certainement à ce mariage ; mais comme elle n’est que ma belle-fille je m’en lave les mains. « Épousez l’homme que vous avez choisi, ma chère, » lui ai-je dit, « tout ce que je vous demande est de ne pas l’épouser avant qu’il soit en état de vous assurer une existence convenable. » « Très-bien papa, » a-t-elle répondu de son ton le plus soumis, et « Très-bien, monsieur, » a dit le jeune gentleman. L’un et l’autre ont déclaré consentir à attendre tout le temps qu’il faudra, pourvu cependant que le mariage ait lieu à une époque quelconque à dater d’aujourd’hui, jusqu’au jour du jugement dernier.

— Eh bien ! monsieur ? dit Nancy, ayant peine à