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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/234

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LES OISEAUX DE PROIE

que votre mère n’a jamais eu à se repentir d’avoir eu confiance dans mon honneur et ma loyauté. Le moment est venu où cet honneur va être plus sérieusement éprouvé. Vous n’êtes pas en droit de prétendre même à un shilling de la fortune de votre père.

— Je sais cela, monsieur, s’écria vivement Charlotte ; Valentin le sait également, et, croyez-moi, je ne m’attends pas…

— J’ai à régler les choses avec ma propre conscience aussi bien qu’avec vos droits… vos droits naturels, ma chère Charlotte, dit solennellement Sheldon. Votre père vous a laissée sans le sou, mais mon honneur me commande de réparer son imprudence. J’ai en conséquence, préparé un acte de donation par lequel je vous transfère la propriété de cinq mille livres placées en ce moment en actions de la Banque Unitas.

— Vous allez me donner cinq mille livres ! s’écria Charlotte stupéfaite.

— Sans aucune réserve.

— Vous voulez dire sans doute que vous me donnerez cette fortune quand je me marierai, papa ? dit Charlotte en l’interrogeant.

— Je vous la donnerai immédiatement, répliqua Sheldon. Je désire que vous soyez complètement indépendante de moi ou de mon bon ou mauvais vouloir. Vous comprendrez alors que, si j’insiste sur la nécessité d’un délai, je le fais dans votre intérêt et non dans le mien. Je désire vous faire sentir que, si je fais obstacle à votre mariage immédiat, ce n’est pas avec l’intention de différer le moment de vous compter votre dot.

— Oh ! M. Sheldon !… oh ! papa !… vous êtes plus que généreux… vous êtes noble ! Ce n’est pas que je tienne à l’argent. Oh ! croyez-moi, il n’y a au monde personne