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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/247

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LES OISEAUX DE PROIE

— Je n’ai pas autre chose à faire.

— Et Charlotte saura-t-elle que je me suis occupé de cette affaire ? » demanda Valentin, devenant tout à coup très-pâle.

Il songeait combien il paraîtrait vil aux yeux de Mlle Halliday, si elle allait penser qu’il avait connaissance de ses droits à l’héritage de John Haygarth, lorsqu’il avait obtenu d’elle la douce confession de son amour.

« Pourra-t-elle jamais croire que mon amour pour elle a toujours été pur et sincère ? » se demandait-il avec désespoir pendant que George délibérait en silence avec lui-même.

« Elle n’a besoin de rien savoir avant que l’affaire soit en train, répliqua enfin George. Voyez-vous, il peut se faire qu’il n’y ait aucune résistance de la part des avocats de la Couronne. Dans ce cas, Mlle Halliday entrerait en possession de ses droits, après un assez long délai. Mais s’ils prétendent contester sa réclamation, ce sera une tout autre affaire. Halliday contre la Reine, et cœtera… avec une suite interminable de prétentions exagérées que l’on nous opposera. Dana ce dernier cas, vous aurez à rappeler comme témoin toutes vos aventures à Ullerton, à Huxter’s Cross, et alors il faudra bien que Mlle Halliday ait connaissance du tout.

— Oui, et elle pensera… Oh ! non, je ne crois pas qu’elle puisse me méconnaître à ce point…

— Toute difficulté serait évitée si tout tranquillement vous vous mariez en secret.

— Je vous répète que je ne puis le faire, et que, même cela fût-il possible, je ne le voudrais pas.

— Ainsi soit-il. Vous préférez monter le grand cheval ; prenez garde que le magnifique animal ne vous jette honteusement par terre.