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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/25

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LES OISEAUX DE PROIE

avant la mort de mon pauvre Matthieu. Je me remis en mémoire ses paroles : paroles que, dans mon faible entendement, je considérais comme une aberration d’esprit, mais que je reconnais aujourd’hui avoir été un avertissement divin ; puis, je cherchai la lettre qu’il m’avait annoncé devoir laisser dans le bureau en bois de rose ; mais, bien que je l’eusse cherchée avec le plus grand soin, cela a été peine perdue. Il n’y avait aucune lettre. J’ai pourtant examiné tous les coins, recoins, et jusqu’aux crevasses du bureau.

« Dans un tiroir secret, caché dans un vieux livre de prières, tout écorné, j’ai trouvé une boucle de cheveux blonds qui semblaient avoir été coupés sur la tête d’un enfant. Ils étaient entourés d’une longue tresse de cheveux noirs, laquelle, en raison de sa longueur doit nécessairement avoir appartenu à une femme. Je vis aussi le portrait en miniature d’une jeune fille dans un cadre d’or. Je ne souillerai pas ce papier par le récit des soupçons qui me vinrent à l’esprit lorsque je trouvai ces étranges objets, pas plus que je ne veux être assez peu chrétienne pour calomnier un mort. Mon mari a été dans ses derniers jours le plus rangé des hommes et le plus plein d’humilité. Les secrets de sa vie antérieure ne viendront plus maintenant à ma connaissance que du côté du ciel. J’ai serré le livre, le portrait, et les cheveux dans mon secrétaire, comptant vous les montrer la première fois que j’aurais la joie de vous entendre. Jusque-là, dans les jours de misère comme dans les jours de bonheur, j’ai la confiance que je continuerai d’être avec la même sincérité,

« Votre humble et obligée servante et disciple.

« Rebecca Haygarth. »