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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/253

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LES OISEAUX DE PROIE

était celui de la veille de Noël, et qui, dans sa pensée, devait être pour son amant une occasion de lui adresser ses vœux. C’était la première veille de Noël depuis qu’ils étaient fiancés ! Ses souvenirs se reportèrent au même jour de l’année précédente et elle se rappela avoir été assise dans cette même pièce, s’évertuant sur ce même piano, sans se douter qu’il y eût au monde une créature nommée Valentin ; elle se souvint même, chose étrange ! que dans cette ignorance, elle s’était trouvée passablement heureuse.

« Maintenant, George, dit Sheldon, après que les deux frères eurent rempli leurs verres et placé leurs chaises aux deux points opposés de la cheminée, quelle est l’affaire dont vous avez à me parler ?

— C’est une affaire d’une importance considérable dans laquelle vous n’êtes intéressé que d’une manière indirecte. L’acteur principal, c’est votre belle-fille, Mlle Halliday.

— En vérité !

— Oui, vous savez que vous avez toujours ri de mon goût pour la chasse aux héritiers. Cela ne m’a pas empêché d’aller de l’avant, sans jamais perdre l’espoir, partant sur une nouvelle piste quand l’ancienne me faisait défaut.

— Et vous avez enfin rencontré une bonne chance, George ?

— Je crois en avoir rencontré une assez bonne, et, vous avouerez, je pense, qu’il est bien extraordinaire que ma première bonne chance soit une chance qui tourne à votre profit.

— C’est-à-dire à celui de ma belle-fille, remarqua Sheldon, sans aucune apparence d’étonnement.

— Précisément, dit George, quelque peu déconcerté