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LES OISEAUX DE PROIE

CHAPITRE VIII

LA PAIX DE NOËL

Valentin ne parut pas à La Pelouse la veille de Noël. Il donna cette soirée à son vieux compagnon ; il accomplit tous ses devoirs d’ami envers le capitaine, fit avec lui un joli petit dîner. Il l’accompagna à la station de London Bridge, et l’installa confortablement dans un wagon de seconde classe du train de nuit pour Newhaven.

Le capitaine avait pris son billet direct pour Rouen, et Valentin vit le train se mettre en marche ; il aurait donc pu se présenter comme témoin oculaire pour attester que le capitaine se rendait bien réellement au Manchester français.

« Ce gaillard-là sait si bien s’esquiver, se disait à lui-même le jeune homme en quittant la station, qu’il ne fallait rien moins que l’évidence pour me convaincre de son départ. Comme l’atmosphère de Londres me semble pure et fraîche, maintenant que je n’y respire plus la présence de Paget ! Je me demande ce qu’il va faire à Rouen ? Pas grand’chose de bon, probablement ; mais, qu’ai-je besoin de le savoir ? Le voilà parti ; je suis libre et débarrassé enfin des entraves du passé !

Le lendemain, c’était Noël. Haukehurst récitait quelques-unes des glorieuses strophes de Milton, tout en faisant sa toilette du matin. Il se sentait heureux : c’était