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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/35

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LES OISEAUX DE PROIE

Néanmoins, ainsi que je l’ai dit plus haut, en mettant tout au pis, je ne m’écartais pas plus de la vérité qu’un avocat ou un diplomate. Judson accepta mes explications avec une complète simplicité et parut fort satisfait d’avoir une occasion de parler des Haygarth.

« — Vous n’êtes pas engagé dans la tentative pour soutenir les prétentions de Théodore Judson à la réclamation de l’héritage du dernier John Haygarth, hein ? me demanda tout à coup le bonhomme, comme soudainement frappé d’un oubli.

« Je l’assurai que les intérêts de Théodore Judson et les miens n’avaient absolument rien de commun.

« — Je suis content, répondit le drapier, non pas que j’aie le moindrement à me plaindre de Théodore Judson, entendez-le bien, encore que ses principes et les miens diffèrent considérablement. Je me suis bien laissé dire que lui et son fils espèrent faire valoir une prétention à cet héritage ; mais ils n’y réussiront pas, monsieur, ils n’y réussiront pas. Il y avait ici autrefois un jeune homme qui est parti pour l’Inde en 1841 ; un libertin, un débauché, monsieur, qui cherchait toujours à emprunter de l’argent sous prétexte qu’il voulait se mettre dans les affaires et faire honneur à sa famille ; ou bien pour avoir de quoi se coucher ou dîner. Mais ce jeune homme était l’arrière-petit-fils de Ruth Haygarth, l’aîné survivant des petits-fils de Ruth Haygarth ; et si cet homme est encore vivant, c’est lui qui doit régulièrement hériter de la fortune de John Haygarth. S’il vit encore ou s’il est mort en ce moment, c’est plus que je ne puis dire, attendu qu’on n’a jamais entendu parler de lui à Ullerton, depuis qu’il l’a quitté. Mais, jusqu’à ce que Théodore Judson puisse fournir des preuves légales de la mort de cet homme, il n’a pas plus de