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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/48

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LES OISEAUX DE PROIE

venir. Je présume que les méchants propos sur mon compte ne manquent toujours pas à Ullerton. L’on m’y représente sans doute comme courant à Londres les combats de coqs et les théâtres, les fêtes du Vauxhall et les bals de Covent Garden ? Mon père continue-t-il à dire pire que pendre de moi, ou n’a-t-il pas oublié que j’existe ? Dans ce dernier cas, j’espère que vous le lui rappellerez.

« Votre affectueux frère et obéissant serviteur,

« Matthieu Haygarth »

« Cette lettre me paraît démontrer l’existence d’un mariage. Qui peut être ce petit M*** dont il parle si tendrement, si ce n’est son enfant ? Quelle peut être cette femme dont la santé lui cause tant d’inquiétude, si ce n’est la sienne ? Ce n’est que de sa femme seule qu’il puisse parler ainsi librement à sa sœur. Le lieu où il lui demande de venir les voir ne peut être qu’un domicile conjugal. Il me paraît donc très-clair qu’à cette époque, Matthieu était marié secrètement et vivait à Spotswold, où sa femme et son fils ont été enterrés plus tard, et d’où le corps de l’enfant a été ultérieurement transporté à Dewsdale, pour être déposé dans la tombe où son père sentait qu’il ne tarderait pas à aller le rejoindre. Cette allusion aux commérages d’Ullerton indique clairement que le père de Matthieu croyait qu’il dépensait dans la métropole la subvention paternelle, à un moment où le jeune homme vivait modestement à une distance de cinquante milles à peine de sa ville natale. Cela ne serait plus possible à notre époque de chemins de fer ; mais dans ce bienheureux siècle, la distance d’Ullerton à Spotswold était un voyage qui n’exigeait pas moins