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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/55

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LES OISEAUX DE PROIE

esprit affaibli : en déclinant, il est devenu la proie de terreurs religieuses, et bien que je reconnaisse pleinement l’influence réformatrice que John Wesley a exercé sur le peuple anglais, j’imagine que le pauvre Matthieu aurait été plus à son aise entre les mains d’une femme d’une piété moins exigeante, moins impérieuse. Un sentiment de frayeur, presque de désespoir perce dans toutes ces lettres. Il se lamente et regrette le bonheur passé de sa jeunesse ; puis, il se lamente et pousse des soupirs sur sa propre iniquité qui l’a fait heureux avec tant d’insouciance et de frivolité.

« Ainsi dans une lettre, il dit :

« Quand je pense à ce temps de folie inconsidérée que j’ai passé avec M*** et combien près d’elle je croyais jouir du plus grand bonheur que la terre puisse nous accorder ou le ciel nous promettre, je tremble pour ma pauvre âme dans laquelle la vraie lumière n’avait pas encore pénétré. Si je pouvais seulement en conserver le souvenir, je serais moins affligé ; mais je ne le dois pas, car les plus zélés des membres de notre secte proclament que mourir avec la préoccupation d’une affection terrestre ou trop regretter ceux que nous laissons sur la terre n’est pas d’un bon chrétien, qu’un châtiment attend ceux qui s’y laissent aller. »

« Puis encore, dans une autre épître, il écrit :

« J’ai entendu, jeudi dernier, un sermon d’un tout jeune homme qui, de garçon charpentier qu’il était, est devenu prédicateur. Il a dit que jouir d’une existence heureuse et trouver plaisir dans les choses de