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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/57

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LES OISEAUX DE PROIE

« Je trouve de même dans ces dernières lettres la marque du désir où était Matthieu de révéler un secret, ainsi que la correspondance de Rebecca, dont j’ai déjà fait mention, l’a montré.

« … Nous avons parlé de beaucoup de choses, et elle a « été plus douce et plus affectueuse pour moi qu’à l’ordinaire. J’ai été sur le point de l’entretenir de M*** et de réclamer son amitié pour C***, mais elle ne m’a pas paru se soucier de connaître mes secrets, ce qui m’a fait craindre de l’offenser en lui apprenant la vérité. Si bien que je n’ai pas eu le courage de la lui dire. Avant de mourir, je m’expliquerai avec elle, dans l’intérêt de C***, de M***, et du petit. J’irai de bonne heure à Ullerton la semaine prochaine, pour faire mon testament, que, cette fois, je ne changerai pas. J’ai brûlé le dernier, n’en étant pas satisfait. »

« Ce passage se trouve dans la dernière lettre du paquet qui m’a été confié. La lettre est datée du 5 septembre 1774. Matthieu est décédé le 14 du mois d’après, et selon toute probabilité le testament auquel il est fait allusion n’a jamais été rédigé. Ce qui est certain, c’est que Matthieu, dont les derniers moments ont été très-courts, est mort ab intestat, et que son fils John a hérité d’abord d’une partie, puis, plus tard, de la totalité de sa fortune. Il est fait plusieurs allusions à son petit-fils, dans les dernières lettres ; mais je ne pense pas que la petite créature ait jamais occupé une grande place dans le cœur du père. Peut-être Matthieu ne l’avait-il pas vu assez souvent pour le prendre en affection, surtout alors que son esprit affaibli était absorbé par le souvenir du petit M*** et de celle qu’il n’avait jamais avouée pour sa femme.