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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/74

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LES OISEAUX DE PROIE

sieurs autres gaillards du même calibre. Le résultat de mes investigations a été de démontrer qu’à cette époque il était beaucoup plus difficile pour un jeune écervelé d’échapper au mariage que de le consommer. On pouvait l’y amener par toutes sortes de moyens. En profitant d’un jour où il se trouvait en état d’ivresse ou d’un moment où il était abruti par les suites d’une lutte de boxe, quelque farceur jovial aurait même pu, en donnant son nom, l’empêtrer d’une femme qu’il n’eût jamais vue jusque là ou bien encore lui faire délivrer le certificat d’un mariage sans qu’il eût jamais eu lieu.

— Mais, jusqu’à quel point ces mariages clandestins étaient-ils valables ?

— C’est là qu’est la difficulté. Avant la loi actuelle sur les mariages, qui date de 1753, un mariage clandestin était indissoluble. C’était un acte illégal, et les parties contractantes étaient punissables ; mais le nœud gordien était aussi solide que s’il eût été lié de la façon la plus orthodoxe. La grande difficulté pour moi était de prouver l’existence du fait. Lors même que ce mariage aurait eu lieu et eût été valable à tous égards, comment démontrer d’une façon incontestable la célébration de la cérémonie, alors que toutes celles de ce genre étaient accomplies avec une négligence manifeste et un mépris complet des lois ? Comment prouver, lors même que j’aurais pu me procurer un certificat régulier en apparence, que ce n’était pas un de ces documents mensongers se rapportant à des mariages qui ne s’étaient jamais faits ? Ces considérations et une foule d’autres me faisaient presque désespérer d’arriver à un bon résultat ; néanmoins, persuadé que le mariage secret n’avait pu avoir lieu que dans l’enceinte des ma-