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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/8

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LES OISEAUX DE PROIE

clairer. De l’argent devait être remis à un homme appelé Goodge en échange de certaines lettres. Il connaissait assez bien les affaires de son frère pour savoir que ces lettres, achetées à prix d’argent, devaient être des lettres importantes, ayant rapport à la recherche de quelque héritage. Jusque-là, c’était simple et clair, mais au delà, ce ne l’était plus. Où ce Goodge se trouvait-il ? Par quelle personne l’argent devait-il lui être remis en échange des lettres ? Les noms et l’adresse n’avaient pas laissé de traces sur le papier buvard, ou une impression si faible qu’il n’y avait rien à en tirer.

Sheldon remit le papier à sa place, et il se dirigeait, en réfléchissant, vers la porte du bureau, lorsque le bruit de l’intérieur ayant cessé subitement, l’employé fit son apparition.

« Voilà qui est fait… Votre dépêche part immédiatement. »

L’agent de change dont la figure était à demi cachée à l’employé, placé qu’il était entre ce fonctionnaire et la lumière venant de la porte ouverte, comprit immédiatement l’erreur de celui-ci : il le prenait pour son frère.

« Je ne suis pas certain de vous avoir donné la véritable adresse, s’empressa-t-il de dire en faisant le simulacre de lire un papier qu’il avait pris dans sa poche et tenait à la main. Faites-moi le plaisir de voir comment je l’ai écrite, je vous en serai obligé. »

L’employé sortit un moment et revint en apportant la dépêche.

« De George Sheldon à Valentin Haukehurst, hôtel du Cygne-Noir, à Ullerton, dit-il à haute voix en lisant la dépêche.

— Très-bien, merci, » s’écria l’agent de change.

Il jeta un coup d’œil à l’employé et eut juste le temps