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LES OISEAUX DE PROIE

Paget. À Omega Street, les dépenses de maison étaient supportées en commun. C’était une sorte de club au petit pied où il pouvait, sans se dégrader, rompre le pain avec l’élégant Horatio.

Valentin retourna donc ce soir-là à Omega Street, où, après un frugal repas, il se livra à ses méditations. Elles étaient tristes et telles que les gens qui vivent paisiblement chez eux n’en connaissent pas de pareilles.


CHAPITRE II

SUITE DU JOURNAL DE VALENTIN

« 15 octobre. — Je suis parti pour la Cité, avant midi, après un court déjeuner avec mon ami Horatio, qui, étant ce matin dans ses humeurs noires, faisait un assez triste convive. Je ne devais me présenter chez le digne John Grewter, papetier en gros, que dans l’après-midi ; mais, n’ayant aucune raison particulière pour rester à la maison, j’ai eu la fantaisie d’aller rôder dans le vieux quartier de la Cité où Matthieu Haygarth avait passé sa jeunesse. J’ai été visiter Clerkenwell ; j’ai parcouru les alentours de Smithfield, en pensant au vieux temps des foires, aux ivrognes, et à tous ces farceurs qui, à l’heure qu’il est, font des petits tas de poussière dans les cimetières de la Cité. La grande horloge de Saint Paul a sonné trois heures : je me dis que ce devait être l’heure où M. Grewter se reposait.

« La boutique du papetier m’a paru aussi sombre et aussi triste que le sont en général toutes celles de la