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Page:Brandimbourg - Croquis du vice, 1897.djvu/101

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CROQUIS DU VICE

veux plaqués sur un front bas que crevaient deux petits yeux gris ; son nez respectable en sa dimension et son coloris vigoureux était orné de quelques poils roux tombant sur les lèvres épaisses et crevassées ; le menton pointu était perforé d’une fossette et d’un grain dit de beauté qui complétait en broussailles un visage de forme reniée par toutes les géométries.

Lucien ne reconnut pas tout de suite Clémence qu’il n’avait vue depuis près d’un an. Ce n’était plus la grosse fille ronde comme boule, le visage vermillonné ; les roses blanches avaient donné à ses joues les pâles couleurs, la démarche jadis lourde et lente avait maintenant un lascif balancement des hanches sous la taille fine, élancée.

Devant l’ahurissement de son amant, Clémence éclata d’un rire fou, et, sans le laisser réfléchir, sans se soucier des employés et des voyageurs qui regardaient, elle le couvrit de baisers. Ce fut lui qui rougit.

— Donnez le bras à mon amie, dit Clémence en s’adressant au camarade de Lucien.