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Page:Brandimbourg - Croquis du vice, 1897.djvu/162

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CROQUIS DU VICE

force, pâle, glacé, baissait mollement la tête.

il restait bien quelques faits historiques très intéressants, ne serait-ce qu’une simple escarmouche, mais le baron des Thermopyles avait pour toujours perdu la mémoire et préférait, après dîner, jouer une partie de dominos qu’Hélène trouvait toujours trop longue, et lui toujours trop courte. L’heure du coucher l’obsédait comme un cauchemar, et dans le lit, lorsqu’il sentait frôler contre lui les cuisses d’Hélène, des cuisses blanches et roses et douces aux affolantes senteurs, il entrait dans un état de surexcitation profitable à personne, sa mémoire restant rebelle aux supplications et aux avances de sa jeune femme. Elle aurait tant voulu entendre le récit d’une petite bataille, « rien qu’une toute petite », ou l’histoire d’une patrouille, ou celle d’un factionnaire grelottant dans sa guérite et pleurant au souvenir de sa payse… Le baron ne con-