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Page:Brandimbourg - Croquis du vice, 1897.djvu/18

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CROQUIS DU VICE

Les femmes qui passent ont, toutes, les yeux sinistres et doux comme les yeux sinistres d’Elle… oh ! être seul !

Il suit la route, à gauche. Bientôt plus rien, personne, pas de maisons, des terrains vagues que protègent des palissades, le long de la rue des cailloux entassés en trapèze.

Maintenant, il pense à la petite Nana : « Elle est charmante ; charmante aussi sa façon de relever sa jupe sur le côté, dans un déhanchement de petit voyou ; gracieuse, sa démarche de traîneuse pâle et vicieuse ; et ses yeux… ses yeux !… »

Tout à coup, des rires éclatent et cinglent l’air, le sable de la rue nouvellement pavée a des crissements prolongés, quelques pierres roulent : C’est la sortie de l’école ; les gamins se lancent des cailloux ; les filles, peureuses, longent les palissades ; d’autres, derrière, se bousculent, arrachent la jarretière d’une gamine qui remontait son bas et la jettent bien loin pour se mieux bousculer dans une course joyeuse.