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Page:Brandimbourg - Croquis du vice, 1897.djvu/211

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CROQUIS DU VICE

sa pudeur devant l’Espagnol aux yeux noirs, à la peau brune et fine et veloutée comme la peau des belles filles de France.

Honorine allait atteindre ses dix-neuf ans ; telle une oiselle privée de son oiselet, elle dépérissait. Le médecin homéopathe de la famille conseillait le mariage ; c’est ce qu’il conseille toujours aux jeunes filles, et toutes prenaient joyeusement ce souverain remède.

Son père, le marquis de la Verre, consentait, mais Honorine n’avait-elle déjà pas évincé soixante-dix prétendants. Que faire ? Le médecin se dévoua en allant chercher le médicament dans la personne de son client le comte de Torregos y Papayoutamas y Carraco.

C’était un Espagnol qui avait opté pour le boulevard des Italiens et le foyer de la danse. Très affable, d’une aménité toute parisienne, grand joueur faisant courir sur les meilleurs champs, il fit peur à l’austérité sédentaire du marquis de la Verre. Cependant Honorine renaissait en de fraîches couleurs, et