Page:Brassard - Les Mémoires d'un soldat inconnu.pdf/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
adolphe brassard

Sur le banc où j’ai pris place, un officier français vient s’asseoir.

Il pose sa main sur mon épaule et, sympathique, me demande :

— Eh bien ! mon ami, ça va ?

— Mieux, je vous remercie.

— J’ai su que vous aviez été plus de trois ans au front.

— C’est exact.

— Vous avez bien mérité de la France, dit-il ému.

— Je le suppose.

— J’ai à vous apprendre une nouvelle qui ne peut manquer de vous réjouir : en reconnaissance de vos services, vous êtes sur la liste de ceux qui seront décorés de la croix militaire.

Décoré, quelle dérision ! Je n’en veux pas de décoration : j’en porte une trop visible !

Courtois, il poursuit :

— Mais il faudrait dire votre nom. Je sais que vous êtes Canadien français, et je suis fier de vous, mais…