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les mémoires d’un soldat inconnu

min qui rechigne pour ne pas aller à l’école. À l’école, nous y retournons, et, sans doute, pour graduer définitivement, cette fois.

Il y a des scènes d’adieu poignantes. J’y assiste passif. Mais je me retourne quand je vois un enfant que l’on arrache de force du cou de son père.

Des baisers, des serrements de mains, des étreintes à n’en plus finir ; les mains s’agitent dans un dernier signe d’adieu, et le train s’élance dans la brunante, vers les ténèbres de la nuit qui le happeront dans une heure.

À mon départ de l’hôpital, on parlait de paix prochaine et, dans le train, la nouvelle s’accrédite. On la discute avec fièvre et animation, avec des engueulades, un flux de paroles, où les suppositions bousculent le raisonnement.

La paix ! ce serait l’évacuation des territoires occupés, la démobilisation générale, le retour au foyer, la réunion de ce qui reste des membres d’une mê-