trie, et une poigne brutale me tire en arrière.
Je veux m’en aller chez nous. Le visage collé entre mes mains à la fenêtre de mon compartiment, je répète ces mots. Je les répète, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus qu’un murmure d’enfant à mes lèvres d’homme.
Je veux m’en aller chez nous. Ces mots mettent un obligato désespéré aux souvenirs qui affluent : c’est le chemin bordé de cerisiers sauvages, dont les fruits âcres faisaient mes délices d’écolier ; c’est l’école et mes compagnons de jeu ; le collège et ses études, les camarades, la culotte qui allonge, les succès des cours, la barbe qui pousse et rend viril ; ce sont les examens réussis et les diplômes qui me valent la position enviable que je remplis avec application et satisfaction. Mon avenir se dessine, et je souris à la vie. Et puis, c’est le chagrin qui me courbe devant la tombe où dorment la maman, la petite sœur bien-aimée qui, à son tour, se