— Ah, saland ! Moi, je prenais mon bain tous les jours.
— Hein ? Où çà ?
— Dans ma sueur.
— Ah ! Eh ben ! blagueur !
Le matin se déroule maintenant sur la campagne, et découvre ses blessures qu’un peu de soleil visite. Puis, les nuages ferment les éclaircies du ciel et tout devient sombre.
— On dirait qu’on vient de soulever les bandages sur des bobos, dit le poilu, et qu’on les a remis machinalement, ne sachant que faire.
— Toi, mon vieux, t’es trop morose. Ça fait quasiment vingt heures que la guerre est finie pour nous ; faut pas chialer sur le ton des psaumes, voyons.
— C’est la lecture de ce calepin qui me chicote.
— C’est comme moi qu’à y penser je deviens toute chose.
Et le poilu, à la voix étrangement douce, qui lisait si bien et argotait les mots en parlant, regarde, dans un silence qui dure une minute, son compagnon qui, la tête penchée, fixe sans la