— Ah !… Eh ben ! ça me fend l’âme de le voir étendu là, sans vie, le pauvre gars ! Sais-tu, moi, je le croyais invulnérable.
— Invulnérable ? Eh ben ! non, rappelle-toi la bataille du coteau : il en a eu son compte, cette fois-là.
— Oui, je m’souviens c’est là qu’il a ramassé son grain de beauté et le reste. Ça lui a valu des mois d’hôpital. Et, quand il est revenu, il était nerveux comme un pur sang et irritable comme un dogue.
— Pas tant que ça, mais il avait quelque chose…
— Le cafard ?
— Peut-être, mais mêlé d’autre chose. On aurait dit que ça dépendait de je ne sais quoi…
— Té ! de l’amour ! Beau gars comme il était, c’était assez pour se faire aimer. Seulement, les femmes c’est capricieux comme le courant. Il a dû se toquer mal à point et la déception, le chagrin… C’est peut-être aussi des mauvaises nouvelles de son pays qui le mettaient dans cet état. Et puis, quatre ans de tranchées, c’est assez pour détruire n’importe quel air faraud.