Page:Brassard - Les Mémoires d'un soldat inconnu.pdf/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
adolphe brassard

te qui a fait frémir la terre d’épouvante et reculer les cieux d’horreur.

On a désespérément évoqué toutes les raisons pour motiver l’effroyable conflit. On a hurlé à la défense de la démocratie, et l’écho a répondu par les râles de la jeunesse qui se noyait dans son sang. On a clamé la survivance de la civilisation, et la sauvagerie compré­hensible des champs de bataille a été éclipsée par le geste barbare et calculé des profiteurs de guerre. On a crié à la chrétienté, mais les voix ont bafouillé devant le désespoir des mères frappées en plein cœur et atteintes dans leurs en­trailles. On s’est rabattu sur la liberté et les étincelles qui forgeaient les chaînes des captifs éclairaient le monde.

Dans leur orgueil, les nations n’ont pas voulu voir dans la guerre le fléau de Dieu ; en fourbissant les armes, en coulant les explosifs, elles se moquaient de l’avertissement séculaire du Créateur : « Homme, tu te serviras de ton œuvre ». En transgressant, les unes après les autres ; toutes les lois divines ; en foulant aux pieds le droit des hom­mes ; les nations ajustaient, juxtapo-