— C’est un bonheur unique pour moi de vous rencontrer, monsieur Paul Bordier.
— Veuillez vous asseoir, monsieur ; vous semblez bien fatigué, permettez que je fasse apporter un cordial…
— Oh merci, n’en faites rien… Ce que je ressens n’est pas de nature à me faire souffrir, ah non !
— Vous avez désiré me voir, monsieur Bordier, en quoi puis-je vous être utile ?
— Avant de le dire, peut-être aimeriez-vous savoir qui je suis.
— Vous avez été annoncé par mon père, cela me suffit.
— Vous semblez aimer beaucoup ce père… adoptif…
— Je l’adore !
— Alors, donnez-moi un peu de votre affection, car je suis son très proche parent. Votre père et moi nous sommes cousins germains.
La figure de Paul s’éclaira.
— À ce seul titre, vous m’êtes cher ; mais je ne crois pas qu’il eût été nécessaire pour provoquer mon amitié ; une bien grande sympathie m’attire vers vous, monsieur. Mon père m’a déjà parlé de vous comme d’un disparu…
— C’est exact, je suis un revenant…
Étienne n’avait pas accepté de siège, et Paul se tenait debout, attendant le bon vouloir de son visiteur, mais celui-ci ne portait pas attention au fauteuil placé près de lui. Étienne buvait les paroles de son fils.