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— Pardonnez à ma rudesse, dit-il.

Et il sortit sans se retourner.

Une espérance folle accompagna Paul Bordier jusqu’à la gare du Palais, mais une fois à bord du convoi, son enthousiasme tomba.

— Pauvre fou, murmura-t-il, avec un sourire amer, tu as tout juste reçu le remerciement pour ton collier.

Après le départ de son mari, Alix, lentement, prit la place qu’il venait de quitter, et rêveuse, promena le bout de ses doigts sur ses lèvres. Mais soudain abandonnant sa pose méditative, elle s’enfuit dans sa chambre, et pleura longuement, sur elle, sur Paul, sur leur vie si désespérément compromise.

Le soir, en dînant, tante Eulalie dit à sa nièce :

— Demain, je donne un thé en ton honneur.

— Vous n’y pensez pas, si proche du jour de l’An !

— Critiquera qui voudra, je le donnerais le jour des Morts ; il y a assez longtemps que je n’ai pas eu un rassemblement de jeunes autour de moi, je profite de ton passage. D’ailleurs les invitations sont lancées et acceptées.

— On va être occupé pour le bal masqué du lendemain, vous n’aurez pas grand monde.

— Viendra qui pourra.

Contrairement à ce que pensait Alix, le thé de tante Eulalie eut un beau succès. À l’heure convenue, les salons de la romanesque demoiselle fleuris d’œillets et de jacinthes, étaient remplis d’une foule joyeuse.