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là à accepter la déclaration qu’elle sentait venir… Lui, Paul Bordier, prétendre à la main d’une Alix de Busques, descendante de marquis, quelle audace !

Quelle audace, soit, mais quelle folie de sa part d’entretenir des préjugés de race aussi ridicules que désuets. Orgueilleuse de sa lignée, Alix avait commencé, par un passe-temps de fille riche, à relever tous les faits glorieux de ses ancêtres. Elle finit par se passionner énormément à ses recherches, et chose déplorable, en prenant goût à ses fouilles, elle s’incorpora pour ainsi dire à ceux qui en étaient la cause. Elle, issue d’un sang si généreux, si vaillant, si noble, elle se crut supérieure. Ce fut donc d’un ton hautain qu’elle répondit à Paul Bordier :

— Monsieur, il y a des distances très courtes qui sont infranchissables.

— Les distances et les obstacles ne sont rien à qui veut vaincre.

— Il y a des places prises d’assaut où les assiégés ne se rendent jamais, dit-elle indignée.

— Mais il y a l’histoire des Sabines…

Elle le regarda, une flamme de colère dans les yeux.

— Il y a des comparaisons qui sont indignes d’un homme bien élevé.

Il pâlit.

— Pardonnez-moi, mademoiselle. Pourquoi ai-je dit cette phrase… Je n’approuve pas l’amour tyrannique. Oh, si vous saviez comment je le comprends, laissez-moi vous expliquer…

— Voyons un peu votre compréhension de l’amour, fit-elle dédaigneuse.