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— Si vous avez voulu me faire mal, mademoiselle, soyez satisfaite, vous avez réussi.

Et continuant les dents serrées :

— Dieu ne choisit pas les cœurs pour y jeter l’amour véritable ; celui d’un mendiant peut en être plus digne que celui d’une princesse. L’amour ne se commande pas, mais il commande et se fait dévoiler. Un orgueil peut le bafouer alors, mais mépriser un amour sincère et honnête, est toujours une action vile.

— Qui défendez-vous et qui accusez-vous, s’écria-t-elle frémissante ?

— On peut placer les noms que l’on veut mademoiselle.

— Oh alors, mon cœur bien libre ne s’occupe pas de votre inepte exposé.

Il la regarda douloureusement.

— Vous avez raison ; il y a des orgueils qui stérilisent un cœur à jamais, je le vois.

Fouettée au plus sensible, elle répliqua souverainement méprisante :

— Je ne reconnais à quiconque le droit de me donner une leçon, à vous moins qu’à un autre.

— La chose serait inutile, le grain de sénevé n’a pas germé sur la pierre.

À ce moment, un groupe de jeunes gens en smoking, passablement éméchés, passa non loin de l’endroit où se trouvaient, l’architecte et mademoiselle de Busques, et l’un d’eux apercevant le couple, s’écria la voix avinée :