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Elle frisonna, et une lueur passa dans ses yeux devenus de glace.

III

Lorsque Alix fit part à sa tante de sa décision d’épouser Paul Bordier, mademoiselle de Busques, de surprise, éleva ses deux mains parcheminées à la hauteur de ses épaules, et regarda autour d’elle en appelant Gilles, qu’elle prenait quelquefois comme conseiller. Ne le voyant pas, elle répondit à sa nièce en s’exclamant :

— Marier monsieur Bordier ! Y songes-tu réellement ! Je ne discute pas les qualités de ce jeune homme, mais sa naissance ne le met pas sur un pied d’égalité avec notre famille.

— J’ai pesé le tout, répliqua résolument la jeune fille, et j’épouse Paul Bordier.

— Ce n’est pas sérieux, réfléchis ! Notre blason, nos quartiers de noblesse !…

— Si on ne se croirait pas au Moyen-Âge, lança joyeusement Gilles qui entrait.

Amusé de l’infatuation de sa tante pour la noblesse, le jeune homme ne perdait jamais une occasion de se moquer ouvertement de la chère lubie que caressait la vieille demoiselle. Il reprit gamin :

— Ah, ma tante, votre blason, vos quartiers de noblesse, frottez l’un et assoyez-vous sur les autres.

— Gilles ! s’écria mademoiselle Eulalie scandalisée, comment peux-tu, toi, un de Busques, parler ainsi !