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mauvaise habitude, outre l’inconvénient qu’elle a d’exposer le veau aux coups de sa nourrice improvisée, a aussi celui bien plus grand de rogner la part du véritable nourrisson qui a bien besoin de tout le lait que sa mère peut lui fournir pour développer sa jeune constitution. Si on reconnaît au veau une bonne conformation, ou que pour une raison quelconque, on se décide à le laisser grandir à la ferme pour en faire plus tard un bœuf, on le réduit spécialement au lait de sa mère, et une fois sevré, il vit presque exclusivement de ce qu’il trouve au pâturage.

Lorsqu’on veut le sevrer (vers l’âge de quatre ou cinq mois), voici comment on procède dans la plupart des cas : on le laisse sans téter un ou deux jours pendant lesquels on lui donne à l’étable du fourrage sec et un peu de farineux, puis on le lâche dans le pâturage avec la mère et le reste du bétail, après lui avoir placé une muserole pourvue de pointes acérées, afin que celles-ci, venant à piquer les mamelles de la mère lorsque le veau veut y porter ses lèvres, elle lui en défende l’approche. Ou bien on se contente d’enduire les trayons d’une matière quelconque susceptible d’empêcher, par son odeur, l’approche du jeune veau, désormais privé de la nourriture maternelle. Ce sont là de mauvais procédés, car la mère, en se défendant, peut frapper contre les pointes de la muserole et se les enfoncer dans le pied. Le meilleur moyen, c’est de séparer pendant un septénaire la mère du petit et de nourrir convenablement celui-ci. Après ce temps, la mère a presque oublié qu’elle avait un fils et le veau qu’il avait une mère.

Le sevrage une fois terminé, commence, à proprement parler, la période de l’élevage, et nous allons voir qu’il est assez mal pratiqué dans notre région.

Aussitôt sevré, le jeune élève est, pour ainsi dire, abandonné