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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/113

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

blait à un ange d’église, et l’on aurait pu la prendre pour une statue si les roses de ses joues n’avaient point prouvé qu’elle vivait. J’étais surprise de la force de volonté qui permettait à un être si frêle de rester debout, immobile et dans l’attente pendant si longtemps. Le prêtre sortit du bassin ; tout paraissait fini. Avait-il oublié cette jolie jeune fille, ou bien était-ce une statue ? Un homme âgé s’avança, parla à l’auditoire : c’était le père de la jeune fille. Il avait été son précepteur, après l’avoir initiée à la vie et aux principes de sa religion, il avait obtenu l’autorisation de baptiser lui-même son enfant chéri. Il descendit dans le bassin, et la statue remua. La jeune fille s’avança seule d’un pas léger, avec toute la confiance d’un enfant pour son père bien-aimé et se livra entre ses mains. C’était joli et en même temps touchant de voir le vieillard et la jeune fille se tenir par les mains sous le regard du ciel, — le père baptisant sa fille, celle-ci s’abandonnant à la direction du père et initiée par lui à une vie sainte. — La scène aurait été plus belle encore si elle s’était passée en plein air avec le ciel bleu au-dessus, des arbres verdoyants à l’entour. On chanta de nouveau : « Réjouissez-vous, réjouissez-vous, » sur le dernier enfant baptisé ; le père et la fille sortirent de l’eau.

La plus grande partie de l’assemblée, parmi laquelle on voyait une foule d’enfants, considérait tout ceci comme un spectacle, et fit un bruit terrible en se précipitant hors de l’église, malgré les exhortations du prêtre, qui les engageait à être moins bruyants. Même auprès des fleuves, dans le calme des forêts, les baptêmes sont troublés par des spectateurs curieux et sans frein.

Je vais sortir pour me rafraîchir l’esprit en faisant une promenade solitaire hors de la ville avec mon amie quake-