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LA VIE DE FAMILLE

J’éprouve de la peine à quitter le Cap-May ; il a été pour moi calme et solitaire ; mais je ne puis tarder davantage, j’ai encore tant de choses à apprendre et à connaître dans ce pays ! Je vais prendre mon dernier bain en pensant que tu te baignes aussi dans les vagues fortifiantes de l’Océan ; les flots de l’Atlantique et de la mer du Nord sont réunis dans la même et immense baignoire.

LETTRE XXI


À M. C. OERSTEDT, CONSEILLER DE CONFÉRENCE À COPENHAGUE.


Au bord de la mer, dans le New-Jersey (Amérique), 
10 août 1850.

Combien de fois, mon respectable ami, j’ai pensé à vous dans cette partie du monde si éloignée de votre patrie ! Combien de fois j’ai désiré m’entretenir avec vous sur ce Nouveau-Monde dont le développement marche avec rapidité, et sur lequel votre regard se repose avec l’intérêt d’un observateur ! De tous mes amis de Copenhague, vous êtes le seul qui ayez compris pourquoi je désirais voir l’Amérique. Lorsque je vous ai dit : « Me trouvez-vous aussi déraisonnable et bizarre de vouloir faire ce voyage ? » vous m’avez répondu : « Non, ce pays est une grande et remarquable formation de l’esprit créateur ; l’observer de près sera du plus haut intérêt pour vous. » La réalité dépasse mes pressentiments, et je ne puis encore me rendre compte