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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/15

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

avec de la musique et le parfum des fleurs ; on est obligé quelquefois d’employer des moyens de force. C’est déjà beaucoup de pouvoir se servir des autres plus fréquemment. Le nombre des aliénés guéris ici rend témoignage de l’efficacité de ces derniers moyens ; on a recours aux autres avec autant d’adoucissement que possible. Un jeune militaire de bonne mine me dit : « Ah ! je le vois, vous êtes venue pour me délivrer ; nous sortirons ensemble de cette prison bras dessus, bras dessous. » Il ajouta : « Si vous aviez une sœur, aimée de vous plus que toutes choses au monde, et si on vous tenait enfermée pour vous empêcher d’aller vers elle, comment trouveriez-vous cela ? » Je répondis que, si j’étais malade et obligée de soigner ma santé pendant quelque temps, je prendrais patience. — « Mais je me porte à ravir. J’ai été un peu malade, un peu tête montée, comme ils disent ; mais je suis parfaitement bien maintenant. Ces gens doivent être fous, puisqu’ils ne s’en aperçoivent pas et s’obstinent à me garder. »

Les aliénés ont ordinairement ce trait de ressemblance avec les gens raisonnables, qu’ils se considèrent toujours comme beaucoup plus sensés que les autres. Mon jeune colonel était évidemment encore « tête montée, » et nous accompagna en s’exprimant avec chaleur à l’avantage des dames.




Le collége Girard est une grande école fondée pour trois cents garçons pauvres, dans le but d’en faire des ouvriers habiles de tous métiers. Un Français naturalisé en Amérique, M. Girard, a disposé de sa fortune pour créer cette