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LA VIE DE FAMILLE

vieux criminels ne s’améliorent pas aisément. Ce n’est donc pas dans les prisons qu’il faut chercher l’espoir du Nouveau-Monde, mais dans les écoles et surtout dans les foyers, quand tous seront devenus ce qu’ils doivent être, ce que plusieurs d’entre eux sont déjà. Deux maisons de refuge, ou asiles pour les garçons vagabonds, que j’ai vues, me semblent des établissements bien ordonnés et le fruit d’une pensée véritablement humaine. Ces garçons, et ceux de la grande institution de Westboro (Massachusett) fondée dans le même but, sont traités d’après le même système. On les garde pendant quelques mois seulement pour leur donner un peu d’instruction et les former à la discipline, après quoi ils sont placés dans de bonnes maisons à la campagne, surtout dans l’Ouest, où un individu laborieux trouve facilement de l’emploi.

« Le Foyer des marins » est un établissement fondé par des particuliers pour donner un bon gite et à bon marché aux matelots de toutes les nations, tandis que leurs navires sont dans le port de Philadelphie. J’ai visité cette maison avec madame Hale, — l’auteur de Miriam, — femme au front magnifique et penseur, aux manières ouvertes et agréables. (Elle s’occupe dans ce moment de la publication d’un livre sur la position des femmes dans la société, et dont la tendance, selon moi, n’est pas assez large.)

De tous les établissements que j’ai vus, c’est la grande maison des pauvres de Philadelphie qui m’a le moins édifiée. Elle est assez vaste pour contenir trois mille personnes environ, a coûté des sommes énormes à la ville, et ne répond pas cependant à son but. Tout se passe ici beaucoup trop à la manière des manufactures ; l’individu, confondu dans la masse, n’est pas traité suivant son mérite. Le paresseux reçoit autant qu’un estropié, qu’un aveugle, et