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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

de leurs travaux se trouve réunie à celle de l’origine de toutes les villes célèbres de l’Amérique française ; on ne doublait pas un promontoire, ne visitait pas une rivière, sans qu’un jésuite n’en eût indiqué la route. »

Les Pères Brébeuf, Daniel et le doux Lallemand, accompagnèrent nu-pieds une bande de Hurons dans leur pays, par d’effrayantes forêts ; ils conquirent l’oreille et l’amour des sauvages. Brébeuf, « le modèle de toutes les vertus religieuses, » passa quinze ans parmi les Hurons, les baptisant, leur enseignant les métiers pacifiques. Des actes pleins de charité, de rudes fustigations volontaires, des prières jusque bien avant dans la nuit, — telle fut sa vie. Pendant ce temps, son amour pour le maître qu’il servait, sa soif des souffrances pour son sérvice, croissaient toujours. Il y aspirait comme d’autres aux voluptés de la vie, et fit vœu de ne jamais éviter l’occasion d’endurer le martyre, de recevoir avec joie le coup de la mort. Une pareille foi devait transporter des montagnes : elle fit plus, elle planta la vie d’amour de Jésus dans le cœur des sauvages, avides de sang. Le grand guerrier Ahasistari lui dit :

« Avant votre venue dans ce pays, et lorsque parfois j’avais échappé à de grands dangers, je pensais : un esprit puissant quelconque veille sur ma vie. » Et il confessa sa foi en Jésus, comme étant le bon esprit en qui il croyait autrefois sans le connaître. Après avoir reçu le baptême, il dit à une bande d’Indiens nouvellement baptisés : « Essayons de décider le monde entier à embrasser la doctrine de Jésus. »

Les missionnaires, en pénétrant toujours plus avant dans l’Ouest, y entendirent parler de grandes tribus indiennes guerrières ; des puissants Sioux, qui habitaient près du grand fleuve Missipi ; des tribus Érié, Chippewas, Pottowa-