Aller au contenu

Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
365
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

vous donner des aperçus incomplets à méditer, et pendant longtemps je n’en avais pas d’autres à vous offrir. Les impressions, les événements journaliers de ma vie dans ce pays m’ont d’abord tellement dominée sous le rapport de l’âme et du cœur, que, jusqu’à un certain point, je pliai sous le faix. Le courant impétueux d’impressions nouvelles et en partie ravissantes, le travail incessant de l’esprit sur des objets nouveaux, des personnes nouvelles, et le climat échauffant, l’influence d’une nourriture à laquelle je n’étais point accoutumée, m’avaient plongée dans un état fébrile et nerveux tel, que pendant des mois j’ai été incapable de lire, de penser à rien de ce qui demandait la moindre application.

Grâce à Dieu et aux soins qui m’ont été donnés par des personnes bonnes, la nature et l’art m’ont fait sortir peu à peu de cet état. J’ai pu de nouveau vivre et apprendre. Mais, durant le travail continuel auquel je me livrais pour chercher à m’emparer des objets qui s’imposaient à moi pendant mes excursions et les tentatives que je faisais pour les coordonner, j’ai senti de plus en plus clairement que, pour méditer avec quelque netteté sur la civilisation nouvelle que les États de l’Amérique du Nord présentent, il fallait que je visse un plus grand nombre de ses diverses formes, de ses développements. Il me fallait auparavant faire connaissance avec la vie dans les États du Nord, dans ceux du Sud, de l’Ouest de l’Union ; il fallait voir la vie de l’Amérique dans les lieux où elle s’est posée, où elle est à peu près complète, où elle s’efforce encore de défricher le sol, de construire de nouvelles demeures, de conquérir une nouvelle existence, de nouveaux pays.

« Quand j’aurai vu le grand Ouest, la vallée du Mississipi, Cincinnati, la reine de l’Ouest, j’écrirai à Boeklin ; je