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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/408

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LA VIE DE FAMILLE

tant soit peu ennuyeuse ; mais le chant était joli et pur. Le prédicateur avait pris pour texte : « l’amour sans vanité », et combien il est difficile de le conquérir, sinon impossible sans l’intervention de Dieu et sans la communication de sa force ; ce discours fut excellent. Le prédicateur était un jeune mulâtre clair, ayant les traits et les manières de la race blanche. C’était un homme de beaucoup de bon sens ; j’avais fait sa connaissance dans le foyer où je me trouve maintenant.

L’après-dîner je suis allée dans l’église méthodiste africaine de cette ville, située dans le quartier d’Afrique, habité par la plupart des hommes de couleur libres de la ville. Ce quartier en porte les traces. Les rues et les maisons ont la régularité anglo-américaine ; mais des vitres cassées et des haillons suspendus devant elles, un certain air de négligence, de friperie, annonçaient qu’ici les enfants d’Afrique étaient chez eux. J’ai trouvé dans l’église la chaleur et l’animation des nègres ; elle était comble. L’assemblée chantait ses hymnes particulières. Le chant montait et m’émotionnait comme un ouragan harmonieux ; les têtes, les pieds, les coudes de l’auditoire, tout remuait en mesure, tandis que le chant exprimait un ravissement évident, magnifique de pureté et de vie mélodieuse.

Les hymnes et les psaumes que les nègres composent ont un caractère naïf qui leur est propre, quelque chose d’enfantin ; ils sont riches d’images et pleins de vie. En voici un échantillon ; il est tiré de l’un de leurs chants d’église et chanté souvent :

« Quel est ce navire qui prend terre ici ?

« O gloire ! Alleluia ! C’est le vieux Sion. Alleluia ! Le vieux Sion. Alleluia !