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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

tait un peu plus les discours et les pensées des autres, surtout relativement à la question de l’esclavage.

Parmi les personnes qui m’ont offert leur maison ici, est madame S. Peter, la femme du consul britannique. En lui faisant ma visite de remercîment, j’ai trouvé en elle une personne vive, à cœur chaud, zélée surtout pour le développement de son sexe, sous le rapport d’une vie matérielle, aussi bien qu’intellectuelle plus indépendante. Madame Peter a fondé chez elle une école de dessin pour des jeunes filles pauvres ; elles y apprennent à dessiner, à composer des dessins, à graver sur bois, etc., et m’a montré plusieurs jolies choses faites par ses élèves. Madame Peter cherche aussi à créer d’autres établissements utiles pour les femmes, et était irritée du peu d’intérêt qu’elle avait rencontré surtout chez ces dernières. « À la manière dont le monde marche maintenant, disait-elle, le meilleur service à rendre aux filles, c’est de les noyer au moment de leur naissance. » Cette singulière preuve d’amour me fit sourire. Je ne pouvais pas, cependant, donner complétement tort à cette femme au cœur ardent, c’est-à-dire, en supposant que le monde ne deviendrait pas plus juste et plus éclairé à l’égard des femmes. Il me semble que, sous ce rapport, je n’ai aucune crainte à avoir en Amérique, et surtout aucune raison de noyer les filles.

Je n’ai reçu que le soir, mais j’ai vu alors une foule de gens, et parmi eux plusieurs personnes m’ont intéressée. De gracieuses jeunes filles m’ont fait hier cadeau d’une fleur de cactus géant, de l’espèce qui fleurit seulement tous les trente ans. Il est impossible d’imaginer une plus belle création du soleil, il a voulu réfléchir son image dans cette fleur.

Malgré la forte chaleur que nous avons ici maintenant,