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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

avec modestie, un jour qu’on glorifiait le mérite de Washington en sa présence. Les rapports qui existaient entre lui et sa mère paraissent avoir été parfaits. Quant à sa femme, je n’ai entendu raconter que l’anecdote suivante : Un hôte venu à Mount-Vernon avait été logé dans une chambre à côté de celle du président. Il entendit un soir madame la présidente tancer vertement son seigneur et maître, pour une chose où, suivant elle, il aurait dû se conduire différemment. Le président l’écouta dans le plus profond silence, jusqu’à ce qu’elle eût fini, puis il dit : « Dors bien maintenant, chère amie ! » Les portraits et les biographies qu’on a de madame Washington la représentent comme une femme petite, jolie, affable.

Washington était né dans un État à esclaves (la Virginie), et en eut lui-même jusque vers la fin de sa vie. Peu de temps avant sa mort il leur rendit la liberté. Chose remarquable ! dans son testament, que je viens de lire, on voit combien le sort de ses esclaves lui tenait au cœur. Plusieurs pages sont remplies d’instructions sur la manière de procéder à l’égard de ceux qu’on devait affranchir, de ceux qui, étant vieux et maladifs, devaient être bien soignés jusqu’à leur mort. Ces recommandations minutieuses en faveur de ses esclaves âgés placent le héros républicain du Nouveau-Monde bien au-dessus de ceux de Rome ! L’humanité si vraie de Washington s’y montre avec l’éclat le plus pur. C’est cette humanité vraie, plutôt que ses talents comme homme d’État et son ardent patriotisme, qui ont fait de lui le grand homme du Nouveau-Monde, — je ne dis pas le plus grand, car je l’attends encore. — C’est à cette humanité qu’est dû l’hommage unanime, ardent, que lui rend le peuple américain, et qui lui a valu celui de l’Europe. Washington a cherché en tout et avant tout ce qui