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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

mais ils me paraissent lui prêter l’oreille avec ce sentiment de connaisseur que l’on accorde au travail d’un artiste plein de talent. M. Foote est, du reste, toujours sur pied, prêt à interrompre, à faire des observations, à reprendre, à appeler par sa nature de vif-argent un rire général quoique bienveillant.

Près du Mississipi « mangeur de feu, » je vois un homme jeune, d’un extérieur agréable, et ressemblant, pour les traits, d’une manière étonnante à un Indien. C’est le sénateur de la Virginie (j’ai oublié son nom) et, dit on, le descendant de Pocohuntas, l’héroïne indienne de cet État ; c’est ce qu’il a de plus remarquable à mes yeux.

Il y a aussi dans le Sénat (ils n’en font point partie) deux envoyés des Mormons, dont le nombre s’est élevé tout d’un coup à douze mille âmes. Ils demandent à faire partie de l’Union, et sa protection armée contre les Indiens. Depuis que les adhérents de cette secte bizarre ont été chassés de leur premier domicile sur les bords du Mississipi, par le peuple de l’Illinois, ils ont erré à l’ouest au-delà de Nebrask, le désert indien, et fini par s’établir dans une vallée fertile autour d’un lac appelé le « Grand Lac Salé, » dans la haute Californie. Ils y ont formé une société florissante. Je n’ai rien entendu dire encore de bien clair et positif sur le gouvernement et les mœurs des Mormons. On m’a prêté leur Bible. Elle contient d’abord toute notre Bible ; puis vient un supplément fait par de soi-disant prophètes plus modernes, dont Méroni et Mormon sont les derniers. Leurs prophéties en contiennent de plus décidées relativement au Christ ; on y trouve toute son histoire, beaucoup de ses paroles ; mais, autant que je puis en juger, il n’y a rien de neuf dans leur doctrine religieuse. Ce qui s’y rapporte plus particulièrement à cette