Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
93
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

une contrée comme celle-ci, il ne devrait y avoir que des êtres beaux et immortels.

Il y a, non loin du chemin, un petit enclos avec maisonnette couverte de palmes, et des cabanes en menues branches tressées, parmi lesquelles se trouve un grand buisson d’oléandre en fleurs. Nous approchons pour le voir de plus près, nous demandons une gorgée d’eau. La fermière, maigre et sèche, aux yeux bruns, nous paraît disposée à nous donner tout ce qu’elle possède ; mais nous ne nous comprenons pas. Elle nous donne de l’eau et de gros bouquets d’oléandre cueillis pour nous. Le soleil commence à être chaud. Retournons sur nos pas, nous reviendrons une autre fois, je veux connaître à fond la vallée de Yumori. Nous rencontrons des hommes avec chevaux pesamment chargés, le bagage est placé en travers. Ils saluent amicalement, s’arrêtent, demandent avec bonhomie et des voix mélodieuses de quel pays est la dame, où elle veut aller. La dame répond qu’elle est de Suède. Les hommes la regardent et se regardent avec incertitude. Ils ne connaissent pas cet endroit, et ne comprennent pas la promeneuse, qui leur dit alors qu’elle est du pays situé sous l’étoile polaire. Croyant qu’elle vient de l’étoile polaire, ils s’écrient : « Ah ! » se regardent d’une manière significative, se touchent le front, s’imaginent que l’esprit de la dame est un peu troublé, secouent la tête avec compassion, et poussent leurs chevaux en avant. Je ne puis dire combien ils avaient l’air doux et bon. Nous retournons lentement sur nos pas vers Matanzas. La haute muraille formée par la montagne répand encore son ombre sur le bosquet de cocotiers près du puits. Nous nous asseyons sur son bord en pierre, et nous déjeunons avec les bananes que nous avons apportées, déjeuner parfait à l’air