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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/11

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

nuit, durant lesquelles ils se lavaient avec de l’eau chaude où bouillaient certaines plantes et racines, ayant des vertus bienfaisantes. Il paraît que la danse de la septième nuit était la plus symbolique et la plus importante. Le septième jour les hommes sont « assis en silence sur la place. » Le huitième est le dernier grand jour de purification. Les hommes se rendaient alors sur une hauteur près du fleuve, dans lequel ils se précipitaient la tête la première, et plongeaient profondément à diverses reprises. Puis ils sortaient de l’eau, reprenaient leurs vêtements, leurs habitudes et occupations ordinaires. Mais, ce qu’il y a surtout de remarquable, c’est qu’après ces fêtes le passé, c’est-à-dire les mésintelligences, les torts grands ou petits des membres de la tribu devaient être oubliés et considérés comme non avenus. L’homme et la vie étaient censés renouvelés. Quiconque rappelait après ces fêtes un souvenir désagréable ou manifestait de la rancune payait une amende. Le Bushkitou était donc la fête annuelle de la réconciliation et du renouvellement. Qu’il serait beau de pouvoir noyer tous les souvenirs amers dans ce Léthé indien ! Le Bushkitou, avec sa volonté intérieure et son travail extérieur, est incontestablement un bon auxiliaire pour y parvenir. Les nations civilisées auraient bien fait de l’adopter.

Une coutume établie aux États-Unis, surtout dans les grandes villes, me paraît être dans sa fleur à New-York et à la Nouvelle-Orléans ; il se pourrait qu’elle tirât son origine du Bushkitou des Indiens. Dans ces deux villes, le jour du nouvel an est considéré comme une sorte de solennité, de renouvellement et de réconciliation. Si une petite piqûre ou une mésintelligence a eu lieu pendant l’année entre deux personnes ou deux familles qui par suite ont cessé