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LA VIE DE FAMILLE

toujours le même, sa vie sera éternellement agissante, sanctifiante, elle fera naître de beaux palmiers, des larmes de Cupidon, des colibris, toutes les belles formes de la vie viendront avec eux et — ne passeront point. »

La volante de madame Baley vint me chercher ainsi que Cécilia à la nuit close. Nous apportions des cannes à sucre que Cécilia s’était procurées pour les petites filles de la maison, et comme une marque de sa cordiale bienveillance, ma bonne fermière me donna en souvenir son « indulgence » de quarante jours. Je l’emporterai avec moi en Suède, et j’en ferai présent à — l’évêque F.

Je rentrai à demi rôtie par la chaleur de ma demeure des champs, et travaillai pendant trois jours à me débarrasser des essaims de — puces que je rapportais de ma promenade.

L’abondance et la variété de petits insectes qu’il y a ici est l’un des fléaux de ces belles contrées. Il en était de même dans la Caroline du Sud, la Géorgie. Si j’avais un morceau de pain ou de gâteau dans ma chambre, ils étaient à l’instant entourés d’une foule de petits vers ou insectes. À Cuba ce sont surtout les fourmis qui fatiguent ; il y en a une petite espèce qui mine, dit-on, de grandes maisons. Ces jours derniers je me suis amusée à peindre mes souvenirs de la vallée de Yumori et entre autres ses « Larmes de Cupidon. » J’avais posé quelques-unes de ces fleurs sur la table à côté de moi, — c’est-à-dire, celles qui étaient tombées, — afin de mieux voir leurs veines et leur construction. Je m’aperçus avec étonnement que ces fleurs disparaissaient successivement de la table ; j’en pris d’autres et il en fut de même en moins de rien. Je ne pouvais comprendre comment cela se faisait, lorsque, levant par hasard les yeux vers le mur de ma chambre, je fus extrê-