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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/113

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

pleins d’art, se groupant et s’enlaçant de maintes manières avec des chaînes de roses artificielles, cette danse était véritablement jolie et pittoresque. Elle fut parfaitement exécutée ; cependant, si elle avait eu un peu moins de régularité, plus de vie naturelle et d’animation, j’aurais cru y voir le symbole de la vie civilisée, de la société des nègres. Les beaux yeux noirs, les belles dents blanches, surtout chez quelques jeunes filles, brillaient d’une manière réellement joyeuse, tandis qu’elles baissaient et relevaient la tête dans les demi-cercles formés par les guirlandes de roses.

Plusieurs de ces nègres étaient riches ; on me montra un jeune noir de la société qui possédait une fortune de vingt mille dollars.

Le code espagnol concernant les colonies occidentales contient plusieurs bonnes lois relativement aux nègres et à leur affranchissement ; les États à esclaves américains sont loin d’en approcher ; ceci soit dit à leur honte ! Les lois américaines sont totalement contraires à la faculté donnée aux nègres de se racheter, tandis que les lois espagnoles les favorisent sous ce rapport. Ici l’esclave peut se racheter au prix fixé par la loi, cinq cents dollars, et les juges sont obligés de veiller aux droits des esclaves. Ici une mère peut racheter son enfant avant sa naissance moyennant quinze dollars, et après sa naissance pour le double de cette somme. Elle peut donc soustraire son enfant à l’esclavage. Les esclaves noirs ont ici, du moins dans les villes, beaucoup plus de moyens de gagner de l’argent que dans les États à esclaves de l’Amérique. Libres, ils peuvent se faire commerçants, agriculteurs, affermer des terres, exercer diverses professions. Beaucoup de nègres libres ont acquis de la fortune, surtout par le commerce.