les soigne bien, d’où résulte qu’ils travaillent gaiement et avec énergie.
Du reste, ma vie se passe agréablement ici. Mon hôte est un Français poli, vif et causeur, possédant une bonne dose de perspicacité et d’esprit. Je lui suis redevable d’un grand nombre de renseignements précieux, entre autres concernant les tribus des nègres africains, leur caractère, leur vie et leurs sociétés sur la côte, d’où arrivent la plupart des noirs amenés ici. On s’y prend presque toujours de même : les chefs africains les vendent suivant convention aux blancs, ces marchands d’hommes. M. Chartrain, ayant été en Afrique, sait parfaitement comment les choses se passent, et m’a appris à distinguer les diverses tribus d’après leurs traits caractéristiques et leur manière de se tatouer. Les Congos, nation vive, gaie et légère, sont appelés les Français de l’Afrique. Les nègres du Congo ont le nez aplati, la bouche large, des dents superbes, des lèvres épaisses, des joues saillantes. Ils sont carrés et vigoureux, mais pas grands. Les nègres de Gangas se rapprochent de ceux du Congo. Les Lucomans et les Mandingues, les plus généreuses de ces peuplades de la côte, sont grands, beaux, et leurs traits, d’une régularité remarquable, sont souvent nobles, avec une expression grave. Les prêtres et les devins des nègres sortent ordinairement de la tribu des Mandingues. Les Lucomans, fiers et belliqueux, réduits en esclavage, sont difficiles à manier dans le commencement ; ils aiment la liberté et s’irritent facilement jusqu’à la fureur. Mais si on les traite bien et avec justice (la justice qu’on exerce en les traitant en esclaves), ils deviennent, au bout de quelques années, les meilleurs travailleurs d’une plantation, ceux en qui on peut avoir le plus de confiance. Les Callavalis ou Caraballis sont