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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/151

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

nègres livrés à eux-mêmes ; mais on m’a déconseillé ce voyage, parce que je ne sais pas la langue du pays, et que le gouvernement est très-méfiant à l’égard des étrangers. On a encore la mémoire toute fraîche du soulèvement des noirs en 1846, commencé dans cette partie de l’île. Il a donné lieu à beaucoup d’actes de cruauté de la part du gouvernement espagnol, et mis des entraves pesantes à la vie et aux plaisirs des nègres libres.

Autrefois, dit-on, chaque soir et toutes les nuits, on entendait près et au loin les tambours africains battre la joyeuse mesure des danses nègres. Comme ils s’étaient servis de ces réunions pour organiser le soulèvement qui éclata plus tard, on a depuis lors beaucoup restreint leur liberté.

Les nègres libres ont, à la Havane, des salles de réunion où « cabildos » ; chaque nation a la sienne, pour laquelle on choisit une reine, qui, de son côté, élit un roi pour l’aider à gouverner. Il faut que je voie ces « cabildos. »




Sta Amelia Inhegno, 23 mars.

Me voici de retour dans ma jolie chambre, chez l’aimable madame de Conick, mais seulement pour une couple de jours. J’y suis arrivée avec un tourbillon de poussière rouge et chaude. La terre, à Cuba, est rouge comme la glaise brûlée, et donne une poussière affreuse quand il fait du vent. La pluie en fait, au contraire ; une fange épaisse, dans laquelle il est impossible de marcher. C’est une partie de l’envers de la nature des tropiques. La volante, atte-