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LA VIE DE FAMILLE

et assez en désordre. Ce buisson a une tige effilée, irrégulière, des feuilles grossières, échancrées, et d’un vert faux. La fleur a beaucoup de feuilles d’un vert clair ; sa forme est des plus délicates et des plus gracieuses. La manière dont le péricarpe s’ouvre pour laisser sortir les floques de coton qui contiennent la graine est infiniment jolie. Je veux dessiner cette histoire et la Croix du Sud au-dessus des Palmiers.

Les palmiers ! Je ne me lasse jamais de les voir se balancer au vent, de voir les mouvements simples et majestueux de leurs palmes. C’est une poésie, une beauté symbolique, exprimant continuellement ce qu’il y a de noble dans la pensée, dans les actions. La couronne de palmier se compose d’habitude de quatorze ou seize palmes. Tous les un ou deux mois, une palme inférieure tombe ; j’en ai vu souvent ayant sept à huit aunes[1] de long étendues sur la route où je passais ; chaque mois il en pousse une autre, toujours au centre de l’arbre, droite comme un sceptre et dominant la couronne.

C’est un usage assez répandu ici d’abattre les palmes des palmiers qui sont dans les bouquets de bois ou dans les champs, afin de s’en servir pour couvrir les toits, etc. ; on n’en laisse parfois que deux ou trois, ce qui devrait enlever une partie de leur beauté. Il n’en est pas ainsi. Les palmiers dépouillés soulèvent les trois palmes qui leur sont restées vers celles des arbres également maltraités, et des portiques, des voûtes gothiques aux plus belles proportions, se forment dans les champs, sous le ciel limpide ou dans la profondeur des forêts. Pour enlever au

  1. Suédoises ; environ cinq à six mètres. (Trad.)